ARTICLE DE FRERE EMMANUEL DUMONT
Publié par Paroisse le
A Annœullin, il y a beaucoup de priants, et en particulier au Centre Pénitentiaire. Plusieurs détenus catholiques se retrouvent régulièrement, tous les 15 jours, pour partager sur l’Écriture. Et en mai, ils ont partagé sur leur manière de prier.
Certains prient de manière spontanée, dans un échange discret, voire invisible. D’autres prient avec la Bible, avec un chapelet, avec des prières à réciter, voire même en chantant. On prie seul, souvent dans son lit, le seul lieu où l’on peut se retirer lorsqu’on est deux en cellules. Mais aussi parfois, on prie avec le codétenu ou avec l’aumônier qui vient visiter les cellules. Et la messe célébrée dans les murs est toujours un beau moment de prière.
On prie qui ? On prie le Christ ou la Sainte Vierge, bien sûr, mais aussi les saints. Saint Benoit, sainte Sarah pour les voyageurs, sainte Rita pour les causes désespérées, saint Vincent de Paul, saint patron des détenus, et même « Sainte volonté de sortir de Prison ! ».
On prie pourquoi ? On prie parce qu’on a la foi ou parce qu’on fait le pari que Dieu nous écoute. On prie parce qu’on a besoin de prier, de se retrouver avec Dieu. Bien souvent, Dieu est le confident le plus fidèle. On prie parfois en regardant la lune à travers les barreaux quand on est déprimé.
On prie pour remercier. Le matin, on rend grâce pour être toujours en vie. Et le soir, on remercie pour les belles rencontres. Un échange avec un autre détenu, avec un surveillant, une infirmière, un enseignant… sont autant de moments précieux pour lesquels on peut remercier Dieu.
On prie pour solliciter quelque chose, parce qu’on espère quelque chose. Ainsi, on prie pour sa propre conversion, pour espérer ne pas retomber dans ses travers. On prie aussi parce qu’on espère le pardon, le pardon de la victime en particulier. On prie pour la protection des proches, les enfants, les membres de la famille, surtout lorsqu’ils sont malades dans leur corps ou dans leur tête. On prie pour les compagnes, y compris lorsqu’elles ne sont plus de ce monde.
Chacun a sa propre manière de prier parfois bien fragile, mais tous ensemble, les détenus ont de quoi nous montrer l’exemple, pour prier dans l’épreuve et dans la fidélité.
Frère Emmanuel DUMONT, aumônier de prison